Daphné à l'école d'été de Nanjing Agricultural University
©Daphné
Daphné, élève-ingénieur à AgroParisTech, a participé pendant l’été 2024 à l’école d’été « One World One Health » organisé par l’Université d’agriculture de Nanjing, partenaire du réseau ParisTech.
Présentez-vous (nom, école française et université chinoise, année d'études, spécialité).
Je m’appelle Daphné Gérard, je viens de terminer ma première année à AgroParisTech et j’ai passé deux semaines de Summer School à Nanjing Agricultural University (du 7 au 22 juillet), intitulé One World One Health (donc des cours plutôt orientés agriculture, pour autant les autres participants ne faisaient pas forcément des études dans ce domaine).
Dans quel cadre êtes-vous venue en Chine ? Comment avez-vous eu l’information de ce programme ?
J’ai eu l’information du Summer School par ma professeure de chinois (je fais chinois LV2 à AgroParisTech). Bien que cette offre s’adressait au groupe ParisTech, je n’ai pas eu l’impression qu’elle ait été très bien communiquée. Donc mon conseil : si ce genre de programme vous intéresse, n’hésitez pas à questionner vos profs de langues, ou même l’administration.
Pourquoi avez-vous choisi de partir en Chine dans le cadre d'une école d’été ?
J’ai commencé le chinois au lycée, en LV3, et j’avais beaucoup apprécié la langue et la culture (que je ne connaissais que très peu avant). Je n’avais pas eu l’opportunité de partir en Chine, donc ce programme tombait bien : une bourse qui couvre la plupart des frais, et une durée qui permet de découvrir la Chine sans que cela soit trop engageant (contrairement à un Erasmus qui est beaucoup plus long par exemple).
Un bref aperçu de cette école d'été à NAU
Sur les deux semaines, nous avions cours le matin et l’après-midi (8:30-11:30 puis 14:00-17:00). Le week-end était libre, donc avec mon groupe, nous en avons profité pour partir découvrir Yanghou (nous avions hésité avec Shanghai). Dans les deux semaines de cours, des « voyages » sont inclus, donc nous n’avions pas que des cours académiques 5 jours d’affilée. Nous avons eu une journée de découverte de Nanjing, deux jours à WuXi (première journée de visites liées à l’aquaculture, nuit à l’hôtel, puis visite rapide d’un parc de la ville le lendemain) et aussi une visite d’entreprise. Ce qui est surprenant, c’est que contrairement à la France, les visites sont très brèves, environ 30min-45min (pour deux à trois fois la durée de transport).
Pour ce qui est des cours, ils peuvent être très généraux (qu’est-ce que le food processing), comme très pointus (l’hyperthyroïdie féline). Il n’est pas forcément nécessaire d’être très attentif ou de prendre des notes (j’en ai pris au début mais j’étais bien la seule). A la fin, il y a un exposé de 30min à présenter par groupe de 4. J’étais un peu stressée sur le coup parce-que la communication était difficile au sein de mon groupe (une Chinoise qui ne parlait pas anglais, et les deux autres personnes ne travaillaient pas beaucoup..), mais c’est vraiment un compte-rend uu sans pression qui peut se faire à la dernière minute. Ayant fait une prépa BCPST puis étant en école d’ingé agronome, je n’ai pas appris grand chose. De plus, la façon de faire les cours est plus lente et moins dense qu’en France donc on peut s’ennuyer rapidement (sentiment partagé avec les autres internationaux). Pour autant, certains profs savaient rendre leur cours dynamique.
Pour les repas, une partie de la bourse couvrait 700yuans (environ 100€) mis sur notre compte étudiant pour la nourriture (c’était largement suffisant). Il y a 6 cantines dans l’université, pour le petit déjeuner, déjeuner, dîner. Le choix est très vaste, que ce soit au niveau des plats, desserts, fruits ou encore boissons. En prenant plat, fruit et boisson à chaque repas j’en avais pour environ 50 yuans (le plat seul est à environ 15yuan).
Pour le logement, nous étions dans un dortoir dédié aux internationaux (nous étions 6 en tout et avions le dortoir pour nous seuls). Les chambres seules sont très grandes, car anciennement prévues pour 4. Les toilettes et les douches sont communes (les douches restaient propres).
Pour ce qui est de l’organisation, pour être honnête, il y a une marge de progression. … Beaucoup d’informations cruciales ne nous sont pas données, et l’administration n’est pas toujours très réactive. Par exemple, nous devions rejoindre un groupe WeChat (celui de l’université) pour avoir accès à notre compte étudiant. C’est depuis ce compte que nous avions accès aux 700 yuans, qui servent à la cantine, mais également à recharger le wifi et l’électricité (clim, lumière..)! On ne m’avait rien dit à ce propos, et quand je suis revenue un soir dans ma chambre et que ni la clim, ni la lumière ne s’allumaient, je ne savais pas trop quoi faire. Mais heureusement que pour toutes ces questions logistiques nous avions Victor ! Un volunteer student de NAU pour la Summer School qui nous a aidés pour tout cela, en plus de nous faire visiter la ville et les alentours sur les deux semaines (il parlait chinois donc cela nous a facilité beaucoup de choses).
Que pouvez-vous nous dire de votre expérience à NAU ? (Comment est-ce organisé? Y participez-vous? Qu’est-ce que cela vous apporte?)
Pour ce qui est des cours, j’ai trouvé intéressant de voir le fonctionnement d’un autre système éducatif.
Ce qui reste de loin la meilleure partie de l’expérience, ce sont les personnes rencontrées et ce sont toutes les sorties que l’on a fait ensemble. J’ai eu la chance d’avoir un super groupe, nous étions tous assez différents, mais nous nous entendions très bien. Les étudiants chinois ne se joignaient pas du tout à nous donc nous sommes restés entre internationaux (groupe de 6), avec le volontaire Victor qui fait ses études à NAU depuis 8 ans mais est originaire de Centrafrique. Nous avions entre 20 et 29 ans mais la différence d’âge ne se faisait absolument pas ressentir. Nous utilisions chaque minute de la journée pour faire en tirer un maximum, et le fait d’avoir un groupe dynamique et curieux rendait les moments passés ensemble très agréables.
J’ai la chance d’avoir déjà beaucoup voyagé, mais cette expérience est très différente de tout ce que j’ai pu faire avant : le fait d’être « seule » (seule Française en tout cas), dans une immersion totale (voir la Chine de l’intérieur via l’université)…, c’est extrêmement enrichissant, d’autant plus que la Chine est un pays un peu à part, à la fois très moderne sur certains points (internet etc), mais qui garde aussi un côté traditionnel (architecture, marchés.)…
Malgré les difficultés que j’ai pu rencontrer lors du séjour, grâce au très bon groupe dans lequel j’étais, j’ai pu profiter bien de l’expérience. Donc si vous voulez être dépaysé, je recommande cette summer school.
Parlez-nous de votre vie en Chine ; quelles sont les différences entre la vie en Chine et la vie en France ?
Tout passe par internet. Commander aux restaurants, payer (par Alipay ou WeChat, personnellement je préfère AliPay car il y a parfois l’option traduire pour les menus).
Les Chinois (surtout ceux des « petites » villes) n’ont pas l’habitude de voir des touristes. Il y avait donc beaucoup de regards insistants, de gens qui demandent à se prendre en photos avec vous, ou pas d’ailleurs (certains se plantent devant vous, l’objectif dans votre direction). Les enfants sont les plus curieux, et n’hésitent à venir discuter avec leurs notions d’anglais.
Tout est très grand, pas du tout à taille humaine comparé à l’Europe. Les bâtiments, les écoles, tout est dans la démesure : c’est assez impressionnant.
Notre génération est très absorbée par leur portable, par les réseaux sociaux. Tous les travaux scolaires sont réalisés avec l’IA, c’est assez marquant (les professeurs s’en inquiètent). De plus, ils ne sont pas très curieux et ne viennent pas vers vous. C’est donc avec les enfants ou les anciens que les échanges sont possibles.
Quels conseils donneriez-vous aux étudiants des écoles de ParisTech qui souhaitent venir en Chine dans le cadre de leurs études ?
Rester flexible et compréhensif. La mentalité chinoise est assez différente de la française. Même parmi les étudiants internationaux les points de vue sur certains sujets peuvent choquer, mais il faut garder en tête que l’on vient d’horizons très différents.
Installer un VPN (sinon bye bye les sites et applications non chinoises), comme Lets VPN par exemple (attention tous les VPN ne marchent pas en Chine). Il est préférable del’installer avant de venir en Chine (ça peut être difficile sur place), surtout pour le VPN d’ordinateur qui est impossible à installer une fois en Chine.
Prendre une carte SIM chinoise avec un numéro chinois et de la data. Tout passe par internet ici (paiements etc.), donc vivre sans cela c’est difficile. Je vous conseille d’acheter cela dans la ville d’étude. J’avais acheté la mienne lors de mon escale à Shanghai, et au bout d’une semaine on m’a coupé internet et bloqué mon numéro pour une raison mystérieuse. D’après la compagnie (China Unicom), il fallait que je me rende dans la ville d’achat pour régler cela (donc Shanghai). J’ai donc vécu ma dernière semaine sans 4G, et c’était très pénible (une amie me faisait des partages de connexion lorsque je devais payer).
Prévenir sa banque. AliPay et WeChat sont des paiements qui fonctionnent comme des paiements internet, ce qui peut alarmer notre banque (au bout d’un certain nombre d’achat, ou pour certains montants). Nous étions quelques-uns pour qui les transactions ont été bloquées pour ces raisons.
Sortir et essayer de voir un maximum de choses. Il y a beaucoup à faire et à voir en Chine, et c’est d’autant plus sympa d’aller en dehors des zones touristiques.
N’hésitez pas à contacter Daphné.