Interview de Laura Villette, représentante de ParisTech en Chine
Laura Villette, représentante de ParisTech en Chine, a été interviewée par une agence accompagnant les étudiants chinois souhaitant partir en mobilité internationale. Ce fut l’occasion de retracer l’évolution de la coopération de ParisTech avec les universités chinoises et d’expliquer comment les étudiants chinois peuvent se préparer au mieux au concours 9+9 (ParisTech International Admission Program) pour entrer dans les écoles de ParisTech.
Partie 1 – Programme 9+9
1. ParisTech est présent en Chine depuis 20 ans. Quel bilan faites-vous de ces deux décennies ? Comment a évolué le recrutement de ParisTech en Chine entre 2000 et 2020?
En deux décennies, le paysage de l’enseignement supérieur a fortement évolué en France et en Chine, tout comme ParisTech. Nous sommes néanmoins restés un partenaire stable en Chine. Depuis 20 ans, grâce à notre bureau de représentation et à mes prédécesseurs, nous sommes restés en contact étroit avec nos partenaires, leurs équipes et bien sûr les étudiants que nous recrutons. Au moment où nous entrons dans notre 21ème campagne de recrutement, notre réseau d’alumni a grandi pour devenir non seulement plus mature, mais aussi plus divers.
En effet, nos valeurs sont toujours les mêmes, mais notre offre a évolué : nous ne recrutons pas uniquement des étudiants chinois dans le cadre du programme 9+9 (plus de 1400 étudiants ont été admis depuis plus de 20 ans), mais aussi dans le cadre d’accords de double diplôme (plus de 200 étudiants chinois depuis 2013). Depuis 2017, le programme 9+9 est également ouvert aux étudiants de toutes les universités chinoises. En 2011, nous avons lancé le programme PhD en coopération avec le China Scholarship Council. Environ 160 doctorants ont bénéficié ou bénéficient encore de ce programme.
Nous avons bien sûr dû relever des défis, et 2020 en était un tout particulier. Notre force est notre capacité à nous adapter, à mettre en place de nouveaux projets, à évoluer. Être un réseau d’écoles est certainement un avantage : le partage de bonnes pratiques, d’informations, le partage de vues sont des outils essentiels pour être réactif, créatif et offrir des solutions multiples. Même la pandémie a été l’opportunité pour nous de créer de nouvelles voies de communication : depuis mai, nous avons organisé ou participé à des webinaires, créé beaucoup de contenus numériques, ouvert une chaîne Bilibili.
2. Pourriez-vous nous dire ce que vous pensez du niveau académique des étudiants chinois ?
Le niveau académique des étudiants chinois que nous recrutons dans le cadre du programme 9+9 ou du programme doctoral ParisTech – CSC est le même que le niveau académique des étudiants que nous recrutons dans d’autres pays (Argentine, Brésil, Colombie et Russie), en particulier parce que nous mettons en place une procédure extrêmement sélective. Nos attentes sont les mêmes, quel que soit le pays d’origine des candidats.
Aux étudiants qui se portent candidat à ParisTech j’aimerais dire que naturellement les GPA et les classements sont pris en compte. Mais au-delà de cela, nous recherchons des étudiants qui sont motivés, curieux, autonomes, capables de s’adapter. Nous apprécions l’excellence dans un sens large, dans tous les aspects des candidatures : naturellement et avant tout l’excellence académique, mais aussi les compétences sociales.
3. Pourquoi ParisTech a-t-il levé la limitation à certaines universités et accepté la candidature de tous les étudiants de bachelor en 2017 ?
Quand nous avons commencé à recruter des étudiants chinois il y a 20 ans, nos universités partenaires les présélectionnaient. Progressivement, la possibilité de postuler à ParisTech a été ouverte à tous leurs étudiants. Depuis 2011, nous comptons par ailleurs plus d’universités partenaires en Chine.
Lever cette restriction en 2017 était une étape logique et pratique également : la Chine est vaste, les universités excellentes sont nombreuses. Ouvrir le programme à toutes les universités nous a permis de développer de nouveaux partenariats, de recruter des étudiants aux profils plus diversifiés. Nous voulions donner l’opportunité aux excellents étudiants d’avoir une expérience international dans nos écoles, quel que soit l’endroit où ils étudient en Chine,
4. Ces trois dernières années, quel a été le nombre de candidats et le taux de réussite dans le programme ? (2018、2019、2020)
Pendant les trois dernières années, 100 candidats environ ont passé le test scientifique. Pour la Chine, le taux de succès varie entre 30 et 40% selon les années. Néanmoins, le taux n’explique pas tout. Nous admettons plus ou moins d’étudiants en fonction de la qualité des candidatures. Il n’y a pas de quota par pays, par année, ou par école. S’il n’y a que d’excellents candidats, le taux peut être beaucoup plus élevé. Et bien sûr, il peut être plus bas si ce n’est pas le cas.
5. Pourriez-vous nous dire comment obtenir une bourse (bourse Eiffel, bourses du gouvernement français, bourse du CSC) ?
Pour toutes ces bourses, je dirais que la première condition est l’excellence. L’excellence, c’est d’abord vos résultats académiques, mais aussi la cohérence de votre projet personnel et professionnel.
L’étape suivante est d’être bien préparé et de disposer de tous les documents nécessaires avant que la procédure de candidature ne commence. Lisez les instructions attentivement. Vérifiez tout deux fois.
Enfin, qu’il s’agisse des bourses du Gouvernement chinois ou du Gouvernement français, leur attribution dépend des politiques gouvernementales (secteurs clés, pays clés, etc.). Projetez-vous : quels sont les défis dans votre domaine d’étude ? Comment pouvez-vous y contribuer, avoir un impact ? Pourquoi votre pays ou un pays étranger voudrait financer votre projet ? Vous pouvez articuler le plan d’études que vous joignez à votre dossier autour de ces questions.
Partie 2 – Test scientifique et entretien
1. Pourriez-vous nous indiquer quel est le taux de réussite au test scientifique ?
Comme dit précédemment, le taux de succès au test scientifique n’est pas un indicateur pertinent à lui seul.
Nos écoles ont des attentes différentes. Être excellent en mathématique est un dénominateur commun à toutes les écoles, et pour la plupart d’entre elles la physique également, mais ensuite, suivant le profil de l’étudiant, on attendra qu’il/elle soit bon(ne) aussi en sciences de la vie ou en chimie.
Je conseillerais aux candidats de vérifier attentivement les attentes des écoles. Ils peuvent trouver toutes les informations utiles sur cette page : https://paristech.fr/en/international/china/china-admission-program (cf. 3/how to apply, step 2).
2. Est-ce que vous pouvez donner quelques conseils aux candidats pour préparer le test scientifique ?
Tout d’abord vous devez être capable de comprendre les questions. Cette année, le test sera seulement en anglais : assurez-vous que votre anglais scientifique est suffisant.
Lisez la documentation sur notre site internet (cf. lien au-dessus) ! Vous pouvez lire le témoignage de Jing Wang qui donne plein de conseils pour réussir (Jing Wang a aussi obtenu une bourse Eiffel).
3. Après le test scientifique et l’entretien, que faut-il pour être définitivement admis ? Quels sont les critères au final pour l’école ?
Une fois que les candidats ont passé le test et l’entretien, les écoles de ParisTech présélectionnent les candidats. Les candidats doivent alors classer les écoles qui se sont déclarées intéressées par leur profil par ordre de préférence.
Puis le jury considérera tous les éléments pour prendre une décision finale. Il n’y a pas à proprement parler d’autre critère.
Encore une fois, je conseille vivement aux candidats d’être minutieux : vérifiez les documents des écoles de ParisTech, construisez des projets personnel et professionnel cohérents avec votre cursus, vos points forts et ce qui vous intéresse le plus, et choisissez l’école qui correspond le mieux. Vérifiez les attentes académiques des écoles qui vous intéressent. Vérifiez ce qu’elles peuvent vous proposer. Le programme d’admission n’a rien à voir avec le gaokao et l’admission à l’université : toutes les écoles de ParisTech excellent dans leurs domaines respectifs, c’est un fait. Le programme 9+9 est conçu pour faire coïncider les meilleurs profils avec les écoles les plus pertinentes.
Partie 3 - Stage et carrière
1. Est-ce que les écoles aideront les étudiants à trouver des stages ? Est-ce qu’il y a d’autres moyens de trouver des stages pour les étudiants ?
Toutes nos écoles ont des liens très forts avec les entreprises. Les étudiants seront en contact très régulièrement avec les entreprises partenaires des écoles et la plupart des écoles reçoivent régulièrement des offres de stage. Trouver un stage est relativement facile à partir du moment où les étudiants sont motivés et pro-actifs.
Les étudiants sont naturellement aidés, mais on attend aussi d’eux qu’ils soient capables de saisir les opportunités et de construire leur propre projet professionnel. Pour saisir ces opportunités, ils peuvent aussi être actifs dans les réseaux d’alumni, les associations d’élèves, ou partager leurs objectifs avec leurs enseignants. Mais avant tout : les étudiants doivent être attentifs à leur CV et à leur profil LinkedIn ; ils doivent être capables de se promouvoir de la meilleure manière. Et bien sûr, s’ils veulent faire des stages en entreprise, améliorer son français écrit et oral de manière continue avant d’arriver en France et pendant leur séjour en France est primordial.
2. Quel est le salaire moyen pour un stagiaire ?
L’indemnité peut varier de l’entreprise/institution, du secteur et du stage.
Certains étudiants acceptent de travailler pour des ONG sans compensation financière, d’autres font des stages dans de grandes entreprises et gagnent l’équivalent d’un premier salaire. D’autres encore travaillent dans des institutions publiques (par exemple les laboratoires des écoles), où l’indemnité est alors fixée par la loi.
3. Est-ce qu’il est possible pour les étudiants chinois de trouver un emploi en France après avoir obtenu leur diplôme
Bien sûr ! 50 à 90% des élèves des écoles de ParisTech trouve un emploi avant même d’être diplômé, ou bien en quelques mois.
Quelques étudiants chinois choisissent de rester en France après avoir obtenu leur diplôme (certains restent jusqu’à 10 ans en France). D’autres poursuivent en doctorat en France. Rester en France est une opportunité unique de commencer à travailler dans une multinationale française par exemple, de mieux comprendre la culture de l’entreprise, puis de rentrer en Chine en travaillant pour la même entreprise.
Dans tous les cas, travailler à l’étranger est un défi qui vaut le coup d’être relevé ; cela permet d’être confronté à d’autres manières de travailler, de penser, de gérer, et d’approfondir ses compétences linguistiques.
Partie 4 - Futur et développement
1. Pourriez-vous partager avec nous le plan de développement de ParisTech en Chine ?
Notre plan de développement comprend plus de partenariats avec des universités chinoises incluant – mais ce n’est pas limitatif – des doubles diplômes, de la coopération scientifique, des programmes d’échange, des écoles d’été internationales. De nouveaux accords de coopération doivent être signés d’ici la fin 2020 et nous préparons une école d’été internationale à Paris avec nos écoles pour juillet 2021. Cela donner l’opportunité aux étudiants chinois en bachelor de découvrir nos écoles.
ParisTech est désormais une marque très connue dans l’enseignement supérieur en Chine, notre prochain objectif est de renforcer les liens avec les entreprises, de leur proposer des programmes courts de formation continue, de développer des learning expeditions en France ou en Chine. C’est une des raisons pour lesquelles nous sommes en train de structurer l’association des alumni. Nous voulons être en capacité d’accroître la renommée de nos écoles dans les entreprises.
2. Récemment, des écoles de ParisTech ont rejoint l’Université Paris-Saclay, l’Université PSL ou IP Paris. Est-ce qu’il y a un impact sur ParisTech?
Certaines de nos écoles font partie de PSL (Chimie ParisTech | PSL, ESPCI Paris | PSL, MINES ParisTech | PSL), d’autres de Paris-Saclay (AgroParisTech, Institut d’Optique Graduate School). Arts et Métiers fait partie de HESAM et Ecole des Ponts ParisTech de l’Université Paris-Est.
Je dirais que l’influence est mutuellement bénéfique : ParisTech contribue à la promotion de ses Grandes Ecoles d’ingénieur, en particulier à l’international. A travers notre Programme de recrutement international, nous recrutons des étudiants internationaux de haut niveau pour nos “diplômes d’ingénieur”, ou pour notre programme doctoral ParisTech – CSC. Nous développons de nouveaux partenariats avec des universités très bien classées dans le monde. Dans ce sens, notre travail contribue à l’influence de PSL ou de Paris-Saclay. Et à l’inverse, leur classement et leur réputation contribuent à l’influence de nos écoles en France et à l’étranger. C’est un cercle vertueux.
En ce qui concerne les écoles d’IP Paris, l’essentiel pour ParisTech est de rassembler des écoles d’ingénieurs qui partagent les mêmes valeurs, veulent coopérer et développer des projets communs. Si quelques écoles croient que ce n’est plus le cas pour elles, elles partent. Mais en fait, ParisTech développe aussi des coopérations avec elles sur des projets spécifiques, par exemple avec Télécom Paris.
Il n’y a pas de bon ou mauvais impact en soi : coopération et concurrence sont essentielles.
3. Est-ce que ParisTech invitera plus d’excellentes écoles d’ingénieurs à rejoindre le réseau à l’avenir ? Lesquelles ?
Le réseau est ouvert à d’autres écoles d’ingénieurs pour autant qu’elles partagent nos valeurs d’excellence, d’ouverture, d’innovation et de solidarité. A ce stade, des discussions sont encore en cours ; nous ne pouvons pas dire quelles écoles nous rejoindront. Mais restez à l’écoute !
4. Pourriez-vous nous dire quels sont les réalisations exceptionnelles des anciens élèves chinois de ParisTech dans différents secteurs ?
Il y en a beaucoup ! Des PDG de multinationales (Total, Veolia, Allianz…), dirigeants d’institutions publiques majeures (Centre National d’Etudes Spatiales, Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives…) aux start-upeurs couronnés de succès (Alan, Damae Medical, Acute 3D…), vous trouverez des anciens élèves dans tout type d’entreprise et dans tous les secteurs.
Nous partageons régulièrement nos succès sur le compte WeChat de ParisTech China.
5. Que diriez-vous aux étudiants qui souhaitent étudier à ParisTech ?
Soyez audacieux et tenace. Si vous êtes vraiment intéressé par la science et la technologie, par la combinaison de l’ingénierie et de la recherche, si vous voulez acquérir des compétences multidisciplinaires et développer tout votre potentiel, nos écoles sont des destinations rêvées. Avec leurs cursus à la carte, leurs liens forts avec les entreprises, leur orientation vers l’innovation et l’entrepreneuriat, elles vous offriront la meilleure plate-forme pour vous exprimer.