Les écoles de ParisTech unies au service la transition écologique

Les sept écoles du réseau ParisTech se sont réunies le 7 mars 2024 dans l’amphithéâtre Schlumberger de l’École des Mines de Paris, à l’occasion du séminaire « La transition écologique dans les écoles de ParisTech » organisé par Marie-Ségolène Naudin-Gèze, déléguée enseignement de ParisTech. Introduit par Florence Lelait, déléguée générale, qui a notamment rappelé les conclusions du rapport de la Cour des comptes sur « L’enseignement supérieur face à la transition écologique », le séminaire s’est déroulé autour de trois tables rondes :

• Offre de formation et transition écologique, animée par Emeric Fortin, Responsable des formations de Master et au développement durable à l’École des Ponts ParisTech ;
• Mutation des orientations de recherches sur les thèmes DD&RS, animée par Mariane Ighilahriz, Responsable Relations Entreprises et chargée de mission Développement Durable et Responsabilité Sociétale à Chimie ParisTech ;
• Stratégie de gouvernance participative et mobilisante, animée par Marie-Ségolène Naudin-Gèze.

Chaque table ronde a été l’occasion de rappeler les enjeux, les objectifs autour de ces problématiques et d’échanger sur les pratiques mises en place par les écoles, les outils utilisés (référentiels – DD&RS, manuel de la grande transition, GreenComp etc. -, outils de mesure…), voire les difficultés rencontrées. Les écoles ont été heureuses d’accueillir pour les deux premières tables rondes les représentantes d’associations étudiantes, en l’occurrence INterfer pour l’Institut d’Optique et Écosciences pour Chimie ParisTech. Elles ont notamment souligné que si les écoles proposaient bien un dispositif de sensibilisation, il était important d’aller plus loin dans la formation des élèves-ingénieurs et au préalable des enseignants, et de répondre au mieux aux sollicitations des élèves en la matière. Face à un public étudiant qui arrive dans leurs murs en ayant souvent déjà été largement sensibilisé et en exprimant donc des attentes encore plus fortes, la plupart des écoles travaillent encore sur le déploiement d’une approche systémique du sujet dans tout le cursus ingénieur. Ceci demande effectivement de former les enseignants, d’enrichir la formation avec une dimension sciences humaines et sociales, de reformater les cours existants, voire d’en supprimer pour laisser la place à de nouveaux enseignements, ainsi que de privilégier l’approche interdisciplinaire que le travail en mode projet favorise. C’est donc un chantier d’envergure auquel les écoles s’attellent pour répondre à ces attentes et former des ingénieurs capables d’exercer leur esprit critique face aux solutions technologiques proposées pour lutter contre le réchauffement climatique et les autres dégâts liés à la dégradation de la situation écologique. Guillaume Pakula (Projet Celsius) a souligné qu’il était primordial que cette nouvelle coloration de la formation ait un impact réel et que les élèves comprennent ce qu’est le rôle de l’ingénieur dans un monde en transition énergétique et écologique.

Si la formation est bien sûr primordiale pour former les ingénieurs de demain, il n’en reste pas moins que les chercheurs des écoles doivent aussi prendre conscience de l’impact des activités de recherche et que les écoles doivent aussi réduire leur empreinte carbone dans ce domaine. Et au-delà de l’empreinte carbone, l’intégrité scientifique et le genre ont été évoqués comme éléments de mutation de la recherche. Olivier Aumont, qui représentait l’association Labos 1Point5, a salué le fait que le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche fixe désormais des objectifs quantitatifs en matière de réduction des émissions de CO2 car cela peut avoir un impact réel. Il a indiqué que dans le domaine de la recherche, l’empreinte carbone se situait principalement sur trois postes : les infrastructures, les achats et les déplacements (conférences, séminaires, jurys…), ce qui pose la question de savoir comment et quel type de recherche l’on souhaite faire. Karam Sab, chercheur à l’École des Ponts ParisTech, anciennement directeur de laboratoire et chargé de la prospective à CNRS ingénierie, a renforcé le propos en soulignant que la démarche devait nécessairement être collective.

Enfin, au-delà même de la formation et de la recherche, il importe que l’ensemble de la communauté d’un établissement s’empare de ce sujet, ce que le schéma DD&RS demandé par le gouvernement devrait inviter à faire. Si toutes les écoles ne se fixent pas pour objectif pour le moment d’obtenir le label DD&RS, toutes s’emploient à établir un plan d’action et à la mettre en œuvre. C’est un axe stratégique de développement pour bon nombre d’écoles. L’enjeu pour les directions d’école est de parvenir à mobiliser l’ensemble de la communauté, sachant que le turn-over des étudiants est lui-même naturellement important, que les personnels administratifs ne se sentent pas toujours concernés ou légitimes ou encore que certains enseignants peuvent être réticents à faire évoluer leur enseignement. Différentes tactiques ont ainsi été mises en place pour sensibiliser les personnels et atteindre les objectifs : Fresque du climat, approche métier (achats, ressources humaines…), formations, activité de cohésion d’équipe autour de la transition écologique…

Les idées – et les réalisations – sont déjà nombreuses dans les écoles à tous les niveaux. Ce séminaire a permis d’en apporter la preuve, espérons maintenant qu’il aura donné des idées à chacun pour avancer dans la démarche au bénéfice de tous !